dimanche 10 janvier 2010

MEDIAS - Dans les coulisses d'@rrêt sur images: quand simplicité rime avec qualité.


Depuis deux ans, la petite équipe d' @rrêt sur images travaille d'arrache-pied pour proposer une émission hebdomadaire à ses abonnés internautes. Et ce n'est pas le manque de moyens qui l'empêche de miser sur la qualité. Reportage dans les studios d' @si à Vanves, en banlieue parisienne.



Huit salariés, quatre caméras et un plateau pour quelques 30 000 téléspectateurs. A @rrêt sur images, on se serre la ceinture. La qualité, ça a du prix. Depuis septembre 2007, le site web continue la réflexion critique sur les médias que l'émission du même nom avait amorcé sur France 5. Sauf que Daniel Schneidermann, le créateur d'@rrêt sur Images – ou @si pour les fans – refuse tout financement publicitaire car « on vend toujours une part de leur cerveau disponible à des annonceurs ». Non, pour Daniel, l'avenir de la presse en ligne sera payant. Et depuis deux ans, @si tente tant bien que mal de se maintenir en vie avec pour seul revenu les abonnements des téléspectateurs.
Pas étonnant donc que les coulisses d' @si paraissent si vétustes. Une cinquantaine de mètres carrés à Vanves, à la périphérie parisienne. Un bureau pour Daniel, rédacteur en chef et producteur, un local pour Pierre-Henri qui décortique les images des chaînes de télé, et une grande pièce avec une dizaine d'autres bureaux. Ici, ça tourne entre les salariés sur place et les chroniqueurs qui se greffent à l'émission. Et la moyenne d'âge tourne autour de la trentaine. De quoi donner du dynamisme au média hors-norme!

Vendredi 11 décembre: la petite équipe s'apprête à recevoir quatre invités pour parler du traitement par les médias de l'affaire Véronique Courjault, cette femme jugée en juin 2009 pour avoir tué trois de ses bébés à leur naissance. La veille, François, le technicien-réalisateur-décorateur, a pris soin de changer le décor du plateau: exit les rideaux noirs de La ligne j@une, une autre émission du site, place aux murs en carton pâte et aux draps blancs ! Ici, chacun est multifonctionnel. Il faut aussi bien savoir passer sur le plateau, que manier les quatre caméras automatiques à distance ou produire en régie.
10h30. Sophie, journaliste à @si depuis le début de l'aventure du média en ligne, accueille les premiers invités qui arrivent et les présente à Daniel, l'animateur traditionnel de l'émission. Un cinéaste qui a reconstruit le procès, un journaliste du Monde, un du Figaro et un expert-psychiatre: « nous avons une belle brochette d'invités aujourd'hui » commente Pierre, le webmaster.
Dans la régie, Julie, chef de projet, s'apprête à prendre les caméras automatiques en commande, François s'occupe de choisir les plans diffusés, et Sophie gère l'image qui sera projetée sur l'écran du plateau. « Je ne le sens pas aujourd'hui, je ne maîtrise pas assez le sujet cette fois » commente-t-elle. Sur le plateau, Hervé, l'ingénieur du son, habille les invités d'un micro-cravatte.

10h40. Silence, on tourne. « Je lance le générique » annonce Sophie. A travers la vitre, elle décompte avec les cinq doigts de la main pour signaler le début de l'émission à Daniel. Il n'y a aucun autre moyen de communiquer avec le plateau. « C'est sûr que c'est empirique chez nous: ni cadrage, ni maquillage, ni oreillettes » commente Pierre-Henri, le chroniqueur attitré. Au pire, la régie dispose d'un tableau et d'un feutre weleda pour faire passer un message urgent au plateau. Et puis, il ne s'agit que d'un enregistrement que l'équipe d' @si pourra retravailler. On est loin de la pression du direct.
C'est parti! Daniel lance le débat avec ses invités. En régie, c'est le branle bas de combat. « Mais c'est quoi ce son? » s'offusque François, en essayant de parler à Hervé qui n'entend rien avec son casque sur les oreilles. Le jeune technicien réclame à Julie un autre plan sur la caméra numéro 2. Un invité hésite et bafouille. Julie s'énerve: « Allez, enchaîne! » Pierre-Henri en profite pour la masser dans le cou. « Zen, c'est bientôt le week-end ». Sur le plateau, les invités commencent à se couper la parole, ça file dans tous les sens. Difficile pour les journalistes en régie de se concentrer sur le contenu du débat. De temps à autre, Daniel propose à ses invités de visualiser des extraits du film sur le procès de Courjault ou de journaux télévisés ayant traité le sujet. A Sophie de ne pas rater le coche et d'envoyer les bonnes images. A 35 minutes d'enregistrement, la jeune journaliste se trompe. Silence sur le plateau. Sophie se corrige et note sur une feuille le time-code pour effacer son erreur à la fin de l'enregistrement.

11h47. « Merci à tous les quatre pour la sincérité, la finesse et la richesse de ce débat »: Daniel décide de clore l'émission. Il n'y a pas d'horloge sur le plateau, le rédacteur en chef décide seul de la durée de l'émission, qui varie entre 50 minutes et une heure et quart. « C'est une télé sans durée fixe en quelque sorte » commente Pierre-Henri.
Les journalistes s'étirent en régie. La journée n'est pourtant pas finie. Il faut encore monter l'émission et la mettre en ligne avant la fin de l'après-midi. Sans parler de la préparation de la prochaine émission, qui sera enregistrée vendredi prochain. Sur le mur de la régie : un prix des téléspectateurs et des photos de la petite équipe soudée. Les coulisses d' @rrêt sur images, ou comment faire des émissions de qualité avec très peu de moyens.

C.L.

Une adresse: http://www.arretsurimages.net/index.php

2 commentaires:

Anonyme a dit…

bravo ma Cécile
Bises
MBL

FEE a dit…

Vous faites ici une description digne de mon collègue et fidèle d'@si, Michel. Chaque semaine au travail nous discutions de cette émission et maintenant qu'il est à la retraite c'est plus difficile.
Alors pourquoi pas sur ce blog...