dimanche 10 janvier 2010
MEDIAS - Dans les coulisses d'@rrêt sur images: quand simplicité rime avec qualité.
Depuis deux ans, la petite équipe d' @rrêt sur images travaille d'arrache-pied pour proposer une émission hebdomadaire à ses abonnés internautes. Et ce n'est pas le manque de moyens qui l'empêche de miser sur la qualité. Reportage dans les studios d' @si à Vanves, en banlieue parisienne.
Huit salariés, quatre caméras et un plateau pour quelques 30 000 téléspectateurs. A @rrêt sur images, on se serre la ceinture. La qualité, ça a du prix. Depuis septembre 2007, le site web continue la réflexion critique sur les médias que l'émission du même nom avait amorcé sur France 5. Sauf que Daniel Schneidermann, le créateur d'@rrêt sur Images – ou @si pour les fans – refuse tout financement publicitaire car « on vend toujours une part de leur cerveau disponible à des annonceurs ». Non, pour Daniel, l'avenir de la presse en ligne sera payant. Et depuis deux ans, @si tente tant bien que mal de se maintenir en vie avec pour seul revenu les abonnements des téléspectateurs.
Pas étonnant donc que les coulisses d' @si paraissent si vétustes. Une cinquantaine de mètres carrés à Vanves, à la périphérie parisienne. Un bureau pour Daniel, rédacteur en chef et producteur, un local pour Pierre-Henri qui décortique les images des chaînes de télé, et une grande pièce avec une dizaine d'autres bureaux. Ici, ça tourne entre les salariés sur place et les chroniqueurs qui se greffent à l'émission. Et la moyenne d'âge tourne autour de la trentaine. De quoi donner du dynamisme au média hors-norme!
Vendredi 11 décembre: la petite équipe s'apprête à recevoir quatre invités pour parler du traitement par les médias de l'affaire Véronique Courjault, cette femme jugée en juin 2009 pour avoir tué trois de ses bébés à leur naissance. La veille, François, le technicien-réalisateur-décorateur, a pris soin de changer le décor du plateau: exit les rideaux noirs de La ligne j@une, une autre émission du site, place aux murs en carton pâte et aux draps blancs ! Ici, chacun est multifonctionnel. Il faut aussi bien savoir passer sur le plateau, que manier les quatre caméras automatiques à distance ou produire en régie.
10h30. Sophie, journaliste à @si depuis le début de l'aventure du média en ligne, accueille les premiers invités qui arrivent et les présente à Daniel, l'animateur traditionnel de l'émission. Un cinéaste qui a reconstruit le procès, un journaliste du Monde, un du Figaro et un expert-psychiatre: « nous avons une belle brochette d'invités aujourd'hui » commente Pierre, le webmaster.
Dans la régie, Julie, chef de projet, s'apprête à prendre les caméras automatiques en commande, François s'occupe de choisir les plans diffusés, et Sophie gère l'image qui sera projetée sur l'écran du plateau. « Je ne le sens pas aujourd'hui, je ne maîtrise pas assez le sujet cette fois » commente-t-elle. Sur le plateau, Hervé, l'ingénieur du son, habille les invités d'un micro-cravatte.
10h40. Silence, on tourne. « Je lance le générique » annonce Sophie. A travers la vitre, elle décompte avec les cinq doigts de la main pour signaler le début de l'émission à Daniel. Il n'y a aucun autre moyen de communiquer avec le plateau. « C'est sûr que c'est empirique chez nous: ni cadrage, ni maquillage, ni oreillettes » commente Pierre-Henri, le chroniqueur attitré. Au pire, la régie dispose d'un tableau et d'un feutre weleda pour faire passer un message urgent au plateau. Et puis, il ne s'agit que d'un enregistrement que l'équipe d' @si pourra retravailler. On est loin de la pression du direct.
C'est parti! Daniel lance le débat avec ses invités. En régie, c'est le branle bas de combat. « Mais c'est quoi ce son? » s'offusque François, en essayant de parler à Hervé qui n'entend rien avec son casque sur les oreilles. Le jeune technicien réclame à Julie un autre plan sur la caméra numéro 2. Un invité hésite et bafouille. Julie s'énerve: « Allez, enchaîne! » Pierre-Henri en profite pour la masser dans le cou. « Zen, c'est bientôt le week-end ». Sur le plateau, les invités commencent à se couper la parole, ça file dans tous les sens. Difficile pour les journalistes en régie de se concentrer sur le contenu du débat. De temps à autre, Daniel propose à ses invités de visualiser des extraits du film sur le procès de Courjault ou de journaux télévisés ayant traité le sujet. A Sophie de ne pas rater le coche et d'envoyer les bonnes images. A 35 minutes d'enregistrement, la jeune journaliste se trompe. Silence sur le plateau. Sophie se corrige et note sur une feuille le time-code pour effacer son erreur à la fin de l'enregistrement.
11h47. « Merci à tous les quatre pour la sincérité, la finesse et la richesse de ce débat »: Daniel décide de clore l'émission. Il n'y a pas d'horloge sur le plateau, le rédacteur en chef décide seul de la durée de l'émission, qui varie entre 50 minutes et une heure et quart. « C'est une télé sans durée fixe en quelque sorte » commente Pierre-Henri.
Les journalistes s'étirent en régie. La journée n'est pourtant pas finie. Il faut encore monter l'émission et la mettre en ligne avant la fin de l'après-midi. Sans parler de la préparation de la prochaine émission, qui sera enregistrée vendredi prochain. Sur le mur de la régie : un prix des téléspectateurs et des photos de la petite équipe soudée. Les coulisses d' @rrêt sur images, ou comment faire des émissions de qualité avec très peu de moyens.
C.L.
Une adresse: http://www.arretsurimages.net/index.php
Des après-midi récréatives pour Papi et Mamie / Es gibt kein Alter, um Spaß zu haben
Un article en français sowie auf deutsch :)
SOCIETE
Des après-midi récréatives pour Papi et Mamie.
C'est un fait: la société vieillit et de plus en plus de personnes âgées logent dans des maisons de retraite. Au foyer Nicolas Roland à Reims, les résidents ont droit à une après-midi récréative tous les jours. Lectures, jeux ou exercices corporels: l'animatrice Brigitte leur apporte un rayon de soleil dans leur quotidien. Reportage de C.L.
« Nous avons un seul objectif cet après-midi: se faire plaisir! ». Brigitte sourit aux six personnes âgées, qui sont descendues dans la bibliothèque pour passer l'après-midi avec elle. Brigitte a 55 ans et travaille depuis près d'un an à la résidence Nicolas Roland à Reims (Champagne-Ardenne). Elle vient entre quatre et cinq fois par semaine pour rendre visite aux 29 résidents du foyer. Et dans son sac, ce sont pas seulement des livres ou des CDs qu'elle apporte, mais également des idées détonantes! Presque chaque après-midi, l'animatrice donne rendez-vous aux résidents, tous âgés de 80 ans au moins, dans la bibliothèque au rez-de-chaussée. Car le palier de la résidence est réservée aux pièces de la vie collective. Les résidents n'ont qu'à quitter leurs chambres au premier étage et descendre les marches – ou prendre l'ascenseur – pour manger à la cantine, prier à la chapelle, se promener dans le petit jardin et lire ou voir Brigitte dans la bibliothèque.
15 heures. Les six personnes âgées présentes cet après-midi là s'assoient autour de la table. Elles sont habillées chaudement. Marie-Antoinette porte même encore son manteau. Elle a toujours froid en hiver. Aujourd'hui, Brigitte propose aux résidents de préparer des étiquettes qui accompagneront les serviettes le soir du repas de Noël. Dans les maisons de retraite aussi, on fête Noël. Ici, ça sera le 24 au soir. Le 25, certains résidents retourneront passer les fêtes dans leur famille.
Lucie bougonne. Elle est quasiment aveugle et se plaint de ne pouvoir écrire. Brigitte la rassure en lui disant qu'elle sait en revanche encore très bien dessiner. L'animatrice distribue les différentes tâches: à Marie-Antoinette de couper le papier coloré, à Marcelle et à Marcelline d'écrire le nom des résidents sur le papier, à Humbeline et à Lucie de décorer les étiquettes, et au père Canbice, le seul homme présent aujourd'hui, d'attacher les étiquettes aux serviettes de table. Entre cinq et quinze personnes âgées participent aux après-midi récréatives de Brigitte. Ça varie souvent. Marie-Antoinette vient par exemple seulement trois fois par semaine. Sa famille est rassurée depuis qu'elle loge ici. Sa fille Béatrice a beau vivre à 30 kms de Reims, elle ne pouvait pas rendre visite à sa mère tous les jours. Ici, elle est sûre que sa maman mange correctement, et ne reste pas seule et déprimée. Il n'a pas été facile de prendre la décision de vendre l'appartement, mais Marie-Antoinette est désormais bien entourée. Béatrice avait le choix entre une vingtaine de maisons de retraite à Reims. La résidence Nicolas Roland a le mérite de n'être pas très loin du centre-ville, ce qui permet aux petit-enfants de Marie-Antoinette, étudiants à Reims, de venir la voir de temps en temps.
C'est parti. Brigitte met de la musique classique en fond sonore. Marcelle chantonne sur une valse de Brahms. Elle se plaint de sa propre écriture sur les étiquettes: trop petite, peu lisible. Brigitte la rassure. « Vous êtes vraiment indulgentes avec moi » lui rétorque Marcelle à de nombreuses reprises. Les personnes âgées ont besoin du soutien de l'animatrice. Elles se sentent bien souvent incompétentes, surtout au regard de leur propre passé. Brigitte explique: « Je dois faire preuve de patience, de calme, et de délicatesse aussi. Pour que les personnes âgées se fassent confiance et laissent libre cours à leurs émotions. » Elle ne souhaite pas occuper bêtement les résidents pour tuer le temps, mais s'amuser avec eux, et faire en sorte qu'ils profitent de chaque après-midi. Brigitte veille aussi à faire travailler leur imagination. La semaine dernière, elle a fait de la poterie. Lucie est fière de son bougeoir qu'elle montre à l'animatrice, tel un enfant le montrerait à sa propre mère. Marcelle apprend à jouer du piano depuis quelques temps et y prend beaucoup de plaisir. Les deux femmes ont un fort caractère et n'hésitent pas à prendre la parole et à s'exprimer. A l'inverse, Marie-Antoinette et Marcelline restent plus en retrait. Mais leurs visages révèlent qu'elles aussi prennent du plaisir à décorer les étiquettes.
Parallèlement aux activités manuelles, Brigitte propose aux résidents de jouer avec leurs neurones. Elle leur donne par exemple plusieurs lettres, et c'est à eux de proposer des mots. Ce jeu est une nouveauté pour Marie-Antoinette. Brigitte veille aussi à soigner le corps des personnes âgées. Une fois par semaine, elle invite un animateur pour faire de la gymnastique douce avec elles. « Ça fait toujours plaisir de se bouger un peu » commente Marie-Antoinette. Brigitte organise par ailleurs des sorties dans le quartier ou à la campagne. En mars, elle a prévu d'emmener les résidents voir un ballet au théâtre de Reims. Humbline est déjà inquiète: « Est ce que nous aussi, nous devrons danser? »
Marcelle participe à toutes les activités proposées par Brigitte. « J'aime tout ce qu'elle nous fait faire. A chaque fois qu'elle vient, je suis contente de recevoir de la visite ». Marcelle a beau avoir cinq enfants et douze petit-enfants, ils habitent tous loin de Reims et viennent la voir que tous les deux mois. Avant, elle pouvait habiter seule et s'occuper de tout. Mais ce temps est révolu. A la maison de retraite, Marcelle a retrouvé une vie sociale. Elle peut rester seule dans sa chambre mais aussi rencontrer d'autres personnes. Elle a elle-même décidé avec ses enfants de venir à la résidence Nicolas Roland, entre autres en raison des activités proposées aux résidents. Car toutes les maisons de retraite n'offrent pas un tel encadrement des personnes âgées. Brigitte confirme: la réussite de ses après-midis tient à l'interaction qu'elle a avec chacun des résidents. Car il est primordial pour les personnes âgées de se sentir encore bien vivants!
16h30 : une cuisinière apporte un goûter aux résidents présents dans la bibliothèque. Au menu: du jus d'orange et des biscuits. Une infirmière donne également son médicament à Marie-Antoinette. Les serviettes sont presque toutes prêtes, parées de jolies étiquettes pour le repas de Noël. Brigitte demande une dernière fois: « Avons-nous atteint notre objectif aujourd'hui? » Marcelle répond à la question avec un grand sourire: « Bien sûr! De toutes façons, dès que nous sommes avec vous, nous prenons toujours du plaisir! »
GESELLSCHAFT
Es gibt kein Alter, um Spaß zu haben: Unterhaltungsnachmittage für alleinstehende Senioren
Auch in Frankreich wohnen immer mehr Senioren in Altersheimen. Im Wohnheim Nicolas Roland in Reims werden die Bewohner jeden Nachmittag unterhalten. Mit Lesungen, Spielen oder sanfte körperliche Übungen bringt die Betreuerin Brigitte ein bisschen Sonne in ihren Alltag. C.L. berichtet.
„Unser Ziel heute Nachmittag ist einfach: Spaß haben!“. Brigitte lächelt den sechs Senioren zu, die in die Bibliothek gekommen sind, um mit ihr den Nachmittag zu verbringen. Brigitte ist 55 Jahre alt und arbeitet seit fast einem Jahr im Altersheim Nicolas Roland in Reims (Champagne-Ardenne). Sie kommt vier bis fünf Mal in der Woche vorbei, um die 29 Senioren zu besuchen. In ihrer Tasche bringt sie nicht nur Bücher oder Musik-CDs für die Senioren mit, sondern auch ausgefallene Ideen. Fast jeden Nachmittag verabredet die Betreuerin sich mit den über 80-jährigen Senioren in der Bibliothek im Erdgeschoss. Denn alle Räume des Erdgeschosses stehen dem Kollektivleben des Wohnheims zur Verfügung. Die Senioren, deren Zimmer im obersten Stock sind, kommen die Treppe herunter, um im Speisesaal zu essen. Diesen Weg gehen sie jedoch auch um in der Kapelle beten zu gehen, im kleinen privaten Garten spazieren zu gehen oder um in die Bibliothek zu lesen aber auch um Brigitte zu treffen.
15 Uhr. Die sechs über 80-jährigen Senioren sitzen um den Tisch in der Bibliothek. Sie sind warm angezogen. Marie-Antoinette trägt noch ihren Mantel. Sie sagt es sei ihr immer kalt, seitdem sie alt geworden ist. Heute schlägt Brigitte den Senioren vor, die Servietten vom Weihnachtsmahl mit schönen Namensschildchen vorzubereiten. Denn auch hier wird Weihnachten am 24. Dezember gefeiert. Am 25. Dezember verbringen viele das Weihnachtsfest in ihren eigenen Familien verbringen.
Lucie brummelt. Sie ist fast blind und kann kaum schreiben. Sie könne aber gut zeichnen, kommentiert Brigitte. Die Betreuerin verteilt die verschiedenen Aufgaben: Marie-Antoinette soll die farbigen Papiere schneiden, Marcelle und Marcelline werden die Namen der Senioren schreiben, Humbeline und Lucie können die Schildchen dekorieren, und der einzige Mann der heute anwesend ist, der Pfarrer Canbice, soll die Schildchen an den Servietten befestigen. Jeden Nachmittag nehmen zwischen fünf und fünfzehn Senioren an den Aktivitäten teil. Das variiert oft. Marie-Antoinette kommt zum Beispiel nur drei Mal pro Woche. Ihre Familie ist beruhigt, seitdem sie in diesem Wohnheim ist. Ihre Tochter Béatrice wohnt 30 km von der Stadt enfernt und könnte ihre Mutter nicht täglich besuchen. Hier sei sie sicher, dass ihre Mutter korrekt isst und nicht allein und deprimiert zurückbleibt. Es war schwer, ihre Wohnung zu verkaufen, aber nun ist Marie-Antoinette gut umgeben. Béatrice hatte die Wahl zwischen mehr als 20 Altersheime in Reims, Stadt von 200 000 Einwohnern. Sie hat das Wohnheim Nicolas Roland ausgewählt, weil es eine zentrale Lage in Reims hat. So können Marie-Antoinettes Enkelkinder, die in Reims studieren, sie ab und zu besuchen.
Jetzt geht es los. Brigitte lässt klassische Musik im Hintergrund laufen. Marcelle trällert zu einem Walzer von Brahms. Sie ist mit ihrer Zeichnung der Namen auf den Schildchen nicht zufrieden, und braucht Brigittes Ermutigungen. „Sie sind nachsichtig mit mir“ erwidert Marcelle mehrmals. Denn die Senioren brauchen Unterstützung von der Betreuerin. Sie fühlen sich oft unfähig, vor allem in Hinblick auf ihre eigene Vergangenheit. „Ich muss oft ruhig und geduldig sein. Feinfühlig natürlich auch. Damit sie sich selbst vertrauen und ihre eigenen Emotionen äußern“ erklärt Brigitte. Sie möchte die Senioren nicht bloß beschäftigen, um Zeit totzuschlagen, sondern sie möchte wirklich, dass sie es genießen und sich amüsieren. Am liebsten möchte die Betreuerin, dass die Senioren aus ihrer eigenen Fantasie schöpfen. Letzte Woche hat sie mit ihnen getöpfert. Lucie ist sehr stolz auf ihren Kerzenhalter, und zeigt es Brigitte wie ein kleines Kind es seinen Eltern zeigen würde. Marcelle lernt im Wohnheim Klavier spielen und hat daran sehr viel Freude. Die beiden Frauen sind heute sehr präsent. Sie halten sich nicht zurück und äußern ihre Emotionen. Marie-Antoinette und Marcelline sind dagegen ruhig und wagen es nicht zu reden. Aber ihre Gesichte drücken aus, dass sie auch Spaß haben.
Neben Basteln macht Brigitte mit den Senioren einmal pro Woche Spiele, die ihre Gehirnzellen anregen sollen, wie beispielsweise das Wörterspiel. Brigitte gibt einige Buchstaben vor und die Senioren sollen Wörter erfinden. Das ist ein neues Spiel für Marie-Antoinette. Brigitte achtet darüber hinaus auf die Pflege des Körpers. Einmal pro Woche lädt sie einen Betreuer ein, um sanfte körperliche Übungen mit den Senioren zu machen. „Es macht Spaß, sich zu bewegen“ kommentiert Marie-Antoinette. Außerdem möchte Brigitte die Senioren auch nach draußen mitnehmen. Sie organisiert ab und zu Spaziergänge im Viertel, Ausflüge und Unterhaltungsprogramme. Im März 2010 werden die Senioren beispielsweise ein Ballett im Theater anschauen. Humbline macht sich schon Sorge: „werden wir tanzen müssen?“
Marcelle nimmt an allen Aktivitäten von Brigitte teil. „Ich mag alles, was sie mit uns macht. Ich freue mich darüber, fast täglich Besuche zu bekommen“. Marcelle hat zwar fünf Kinder und zwölf Enkelkinder, sie wohnen aber weit weg und besuchen sie nur alle zwei Monaten. Damals konnte sie alleine wohnen und sich um sich selbst kümmern. Diese Zeiten sind jedoch vorbei. Doch im Wohnheim hat Marcelle ein soziales Leben neu aufgebaut. Sie kann alleine in ihrem Zimmer bleiben, wie sich auch mit anderen Leuten unterhalten. Sie hat mit ihren Kindern entschieden, auch aufgrund der Aktivitäten, im Wohnheim Nicolas Roland zu wohnen. Leider bieten nicht alle Altersheime eine solche Betreuerung an. Brigitte bestätigt: der Erfolg ihrer Nachmittage bestehe aus der Interaktion, die sie mit jedem der Senioren hat. Es sei wichtig für die Senioren, sich noch lebendig zu fühlen.
16 Uhr 30: der Koch bringt den Senioren einen Nachmittagsimbiss, der aus Orangensaft und Keksen besteht. Eine Krankenpflegerin gibt Marie-Antoinette ihre Tabletten. Die Servietten, die für das Weihnachtsmahl mit schönen Schildchen versehen werden sollen, sind bald fertig. Brigitte fragt ein letztes Mal: „Haben wir heute unseres Ziel erreicht?“ Marcelle beantwortet die Frage mit einem großem Lächeln: „Ja, klar! Immer, wenn wir mit Ihnen zusammen sind, haben wir Spaß!“
SOCIETE
Des après-midi récréatives pour Papi et Mamie.
C'est un fait: la société vieillit et de plus en plus de personnes âgées logent dans des maisons de retraite. Au foyer Nicolas Roland à Reims, les résidents ont droit à une après-midi récréative tous les jours. Lectures, jeux ou exercices corporels: l'animatrice Brigitte leur apporte un rayon de soleil dans leur quotidien. Reportage de C.L.
« Nous avons un seul objectif cet après-midi: se faire plaisir! ». Brigitte sourit aux six personnes âgées, qui sont descendues dans la bibliothèque pour passer l'après-midi avec elle. Brigitte a 55 ans et travaille depuis près d'un an à la résidence Nicolas Roland à Reims (Champagne-Ardenne). Elle vient entre quatre et cinq fois par semaine pour rendre visite aux 29 résidents du foyer. Et dans son sac, ce sont pas seulement des livres ou des CDs qu'elle apporte, mais également des idées détonantes! Presque chaque après-midi, l'animatrice donne rendez-vous aux résidents, tous âgés de 80 ans au moins, dans la bibliothèque au rez-de-chaussée. Car le palier de la résidence est réservée aux pièces de la vie collective. Les résidents n'ont qu'à quitter leurs chambres au premier étage et descendre les marches – ou prendre l'ascenseur – pour manger à la cantine, prier à la chapelle, se promener dans le petit jardin et lire ou voir Brigitte dans la bibliothèque.
15 heures. Les six personnes âgées présentes cet après-midi là s'assoient autour de la table. Elles sont habillées chaudement. Marie-Antoinette porte même encore son manteau. Elle a toujours froid en hiver. Aujourd'hui, Brigitte propose aux résidents de préparer des étiquettes qui accompagneront les serviettes le soir du repas de Noël. Dans les maisons de retraite aussi, on fête Noël. Ici, ça sera le 24 au soir. Le 25, certains résidents retourneront passer les fêtes dans leur famille.
Lucie bougonne. Elle est quasiment aveugle et se plaint de ne pouvoir écrire. Brigitte la rassure en lui disant qu'elle sait en revanche encore très bien dessiner. L'animatrice distribue les différentes tâches: à Marie-Antoinette de couper le papier coloré, à Marcelle et à Marcelline d'écrire le nom des résidents sur le papier, à Humbeline et à Lucie de décorer les étiquettes, et au père Canbice, le seul homme présent aujourd'hui, d'attacher les étiquettes aux serviettes de table. Entre cinq et quinze personnes âgées participent aux après-midi récréatives de Brigitte. Ça varie souvent. Marie-Antoinette vient par exemple seulement trois fois par semaine. Sa famille est rassurée depuis qu'elle loge ici. Sa fille Béatrice a beau vivre à 30 kms de Reims, elle ne pouvait pas rendre visite à sa mère tous les jours. Ici, elle est sûre que sa maman mange correctement, et ne reste pas seule et déprimée. Il n'a pas été facile de prendre la décision de vendre l'appartement, mais Marie-Antoinette est désormais bien entourée. Béatrice avait le choix entre une vingtaine de maisons de retraite à Reims. La résidence Nicolas Roland a le mérite de n'être pas très loin du centre-ville, ce qui permet aux petit-enfants de Marie-Antoinette, étudiants à Reims, de venir la voir de temps en temps.
C'est parti. Brigitte met de la musique classique en fond sonore. Marcelle chantonne sur une valse de Brahms. Elle se plaint de sa propre écriture sur les étiquettes: trop petite, peu lisible. Brigitte la rassure. « Vous êtes vraiment indulgentes avec moi » lui rétorque Marcelle à de nombreuses reprises. Les personnes âgées ont besoin du soutien de l'animatrice. Elles se sentent bien souvent incompétentes, surtout au regard de leur propre passé. Brigitte explique: « Je dois faire preuve de patience, de calme, et de délicatesse aussi. Pour que les personnes âgées se fassent confiance et laissent libre cours à leurs émotions. » Elle ne souhaite pas occuper bêtement les résidents pour tuer le temps, mais s'amuser avec eux, et faire en sorte qu'ils profitent de chaque après-midi. Brigitte veille aussi à faire travailler leur imagination. La semaine dernière, elle a fait de la poterie. Lucie est fière de son bougeoir qu'elle montre à l'animatrice, tel un enfant le montrerait à sa propre mère. Marcelle apprend à jouer du piano depuis quelques temps et y prend beaucoup de plaisir. Les deux femmes ont un fort caractère et n'hésitent pas à prendre la parole et à s'exprimer. A l'inverse, Marie-Antoinette et Marcelline restent plus en retrait. Mais leurs visages révèlent qu'elles aussi prennent du plaisir à décorer les étiquettes.
Parallèlement aux activités manuelles, Brigitte propose aux résidents de jouer avec leurs neurones. Elle leur donne par exemple plusieurs lettres, et c'est à eux de proposer des mots. Ce jeu est une nouveauté pour Marie-Antoinette. Brigitte veille aussi à soigner le corps des personnes âgées. Une fois par semaine, elle invite un animateur pour faire de la gymnastique douce avec elles. « Ça fait toujours plaisir de se bouger un peu » commente Marie-Antoinette. Brigitte organise par ailleurs des sorties dans le quartier ou à la campagne. En mars, elle a prévu d'emmener les résidents voir un ballet au théâtre de Reims. Humbline est déjà inquiète: « Est ce que nous aussi, nous devrons danser? »
Marcelle participe à toutes les activités proposées par Brigitte. « J'aime tout ce qu'elle nous fait faire. A chaque fois qu'elle vient, je suis contente de recevoir de la visite ». Marcelle a beau avoir cinq enfants et douze petit-enfants, ils habitent tous loin de Reims et viennent la voir que tous les deux mois. Avant, elle pouvait habiter seule et s'occuper de tout. Mais ce temps est révolu. A la maison de retraite, Marcelle a retrouvé une vie sociale. Elle peut rester seule dans sa chambre mais aussi rencontrer d'autres personnes. Elle a elle-même décidé avec ses enfants de venir à la résidence Nicolas Roland, entre autres en raison des activités proposées aux résidents. Car toutes les maisons de retraite n'offrent pas un tel encadrement des personnes âgées. Brigitte confirme: la réussite de ses après-midis tient à l'interaction qu'elle a avec chacun des résidents. Car il est primordial pour les personnes âgées de se sentir encore bien vivants!
16h30 : une cuisinière apporte un goûter aux résidents présents dans la bibliothèque. Au menu: du jus d'orange et des biscuits. Une infirmière donne également son médicament à Marie-Antoinette. Les serviettes sont presque toutes prêtes, parées de jolies étiquettes pour le repas de Noël. Brigitte demande une dernière fois: « Avons-nous atteint notre objectif aujourd'hui? » Marcelle répond à la question avec un grand sourire: « Bien sûr! De toutes façons, dès que nous sommes avec vous, nous prenons toujours du plaisir! »
GESELLSCHAFT
Es gibt kein Alter, um Spaß zu haben: Unterhaltungsnachmittage für alleinstehende Senioren
Auch in Frankreich wohnen immer mehr Senioren in Altersheimen. Im Wohnheim Nicolas Roland in Reims werden die Bewohner jeden Nachmittag unterhalten. Mit Lesungen, Spielen oder sanfte körperliche Übungen bringt die Betreuerin Brigitte ein bisschen Sonne in ihren Alltag. C.L. berichtet.
„Unser Ziel heute Nachmittag ist einfach: Spaß haben!“. Brigitte lächelt den sechs Senioren zu, die in die Bibliothek gekommen sind, um mit ihr den Nachmittag zu verbringen. Brigitte ist 55 Jahre alt und arbeitet seit fast einem Jahr im Altersheim Nicolas Roland in Reims (Champagne-Ardenne). Sie kommt vier bis fünf Mal in der Woche vorbei, um die 29 Senioren zu besuchen. In ihrer Tasche bringt sie nicht nur Bücher oder Musik-CDs für die Senioren mit, sondern auch ausgefallene Ideen. Fast jeden Nachmittag verabredet die Betreuerin sich mit den über 80-jährigen Senioren in der Bibliothek im Erdgeschoss. Denn alle Räume des Erdgeschosses stehen dem Kollektivleben des Wohnheims zur Verfügung. Die Senioren, deren Zimmer im obersten Stock sind, kommen die Treppe herunter, um im Speisesaal zu essen. Diesen Weg gehen sie jedoch auch um in der Kapelle beten zu gehen, im kleinen privaten Garten spazieren zu gehen oder um in die Bibliothek zu lesen aber auch um Brigitte zu treffen.
15 Uhr. Die sechs über 80-jährigen Senioren sitzen um den Tisch in der Bibliothek. Sie sind warm angezogen. Marie-Antoinette trägt noch ihren Mantel. Sie sagt es sei ihr immer kalt, seitdem sie alt geworden ist. Heute schlägt Brigitte den Senioren vor, die Servietten vom Weihnachtsmahl mit schönen Namensschildchen vorzubereiten. Denn auch hier wird Weihnachten am 24. Dezember gefeiert. Am 25. Dezember verbringen viele das Weihnachtsfest in ihren eigenen Familien verbringen.
Lucie brummelt. Sie ist fast blind und kann kaum schreiben. Sie könne aber gut zeichnen, kommentiert Brigitte. Die Betreuerin verteilt die verschiedenen Aufgaben: Marie-Antoinette soll die farbigen Papiere schneiden, Marcelle und Marcelline werden die Namen der Senioren schreiben, Humbeline und Lucie können die Schildchen dekorieren, und der einzige Mann der heute anwesend ist, der Pfarrer Canbice, soll die Schildchen an den Servietten befestigen. Jeden Nachmittag nehmen zwischen fünf und fünfzehn Senioren an den Aktivitäten teil. Das variiert oft. Marie-Antoinette kommt zum Beispiel nur drei Mal pro Woche. Ihre Familie ist beruhigt, seitdem sie in diesem Wohnheim ist. Ihre Tochter Béatrice wohnt 30 km von der Stadt enfernt und könnte ihre Mutter nicht täglich besuchen. Hier sei sie sicher, dass ihre Mutter korrekt isst und nicht allein und deprimiert zurückbleibt. Es war schwer, ihre Wohnung zu verkaufen, aber nun ist Marie-Antoinette gut umgeben. Béatrice hatte die Wahl zwischen mehr als 20 Altersheime in Reims, Stadt von 200 000 Einwohnern. Sie hat das Wohnheim Nicolas Roland ausgewählt, weil es eine zentrale Lage in Reims hat. So können Marie-Antoinettes Enkelkinder, die in Reims studieren, sie ab und zu besuchen.
Jetzt geht es los. Brigitte lässt klassische Musik im Hintergrund laufen. Marcelle trällert zu einem Walzer von Brahms. Sie ist mit ihrer Zeichnung der Namen auf den Schildchen nicht zufrieden, und braucht Brigittes Ermutigungen. „Sie sind nachsichtig mit mir“ erwidert Marcelle mehrmals. Denn die Senioren brauchen Unterstützung von der Betreuerin. Sie fühlen sich oft unfähig, vor allem in Hinblick auf ihre eigene Vergangenheit. „Ich muss oft ruhig und geduldig sein. Feinfühlig natürlich auch. Damit sie sich selbst vertrauen und ihre eigenen Emotionen äußern“ erklärt Brigitte. Sie möchte die Senioren nicht bloß beschäftigen, um Zeit totzuschlagen, sondern sie möchte wirklich, dass sie es genießen und sich amüsieren. Am liebsten möchte die Betreuerin, dass die Senioren aus ihrer eigenen Fantasie schöpfen. Letzte Woche hat sie mit ihnen getöpfert. Lucie ist sehr stolz auf ihren Kerzenhalter, und zeigt es Brigitte wie ein kleines Kind es seinen Eltern zeigen würde. Marcelle lernt im Wohnheim Klavier spielen und hat daran sehr viel Freude. Die beiden Frauen sind heute sehr präsent. Sie halten sich nicht zurück und äußern ihre Emotionen. Marie-Antoinette und Marcelline sind dagegen ruhig und wagen es nicht zu reden. Aber ihre Gesichte drücken aus, dass sie auch Spaß haben.
Neben Basteln macht Brigitte mit den Senioren einmal pro Woche Spiele, die ihre Gehirnzellen anregen sollen, wie beispielsweise das Wörterspiel. Brigitte gibt einige Buchstaben vor und die Senioren sollen Wörter erfinden. Das ist ein neues Spiel für Marie-Antoinette. Brigitte achtet darüber hinaus auf die Pflege des Körpers. Einmal pro Woche lädt sie einen Betreuer ein, um sanfte körperliche Übungen mit den Senioren zu machen. „Es macht Spaß, sich zu bewegen“ kommentiert Marie-Antoinette. Außerdem möchte Brigitte die Senioren auch nach draußen mitnehmen. Sie organisiert ab und zu Spaziergänge im Viertel, Ausflüge und Unterhaltungsprogramme. Im März 2010 werden die Senioren beispielsweise ein Ballett im Theater anschauen. Humbline macht sich schon Sorge: „werden wir tanzen müssen?“
Marcelle nimmt an allen Aktivitäten von Brigitte teil. „Ich mag alles, was sie mit uns macht. Ich freue mich darüber, fast täglich Besuche zu bekommen“. Marcelle hat zwar fünf Kinder und zwölf Enkelkinder, sie wohnen aber weit weg und besuchen sie nur alle zwei Monaten. Damals konnte sie alleine wohnen und sich um sich selbst kümmern. Diese Zeiten sind jedoch vorbei. Doch im Wohnheim hat Marcelle ein soziales Leben neu aufgebaut. Sie kann alleine in ihrem Zimmer bleiben, wie sich auch mit anderen Leuten unterhalten. Sie hat mit ihren Kindern entschieden, auch aufgrund der Aktivitäten, im Wohnheim Nicolas Roland zu wohnen. Leider bieten nicht alle Altersheime eine solche Betreuerung an. Brigitte bestätigt: der Erfolg ihrer Nachmittage bestehe aus der Interaktion, die sie mit jedem der Senioren hat. Es sei wichtig für die Senioren, sich noch lebendig zu fühlen.
16 Uhr 30: der Koch bringt den Senioren einen Nachmittagsimbiss, der aus Orangensaft und Keksen besteht. Eine Krankenpflegerin gibt Marie-Antoinette ihre Tabletten. Die Servietten, die für das Weihnachtsmahl mit schönen Schildchen versehen werden sollen, sind bald fertig. Brigitte fragt ein letztes Mal: „Haben wir heute unseres Ziel erreicht?“ Marcelle beantwortet die Frage mit einem großem Lächeln: „Ja, klar! Immer, wenn wir mit Ihnen zusammen sind, haben wir Spaß!“
mercredi 6 janvier 2010
IDENTITE NATIONALE - « Je me sens Française mais je suis aussi Portugaise. Et fière de l'être.»
Betty a quitté son pays d'origine, le Portugal, en 1996. Elle avait 21 ans, et voulait découvrir d'autres horizons. Aujourd'hui, elle tient un restaurant dans le XX ème arrondissement de Paris: « Chez Betty », et propose à ses clients un voyage à la croisée du Portugal et de la France.
Après treize ans de vie parisienne, vous sentez-vous plutôt Française, Portugaise, ou les deux à la fois?
C'est complexe. Je me sens Française, parce que j'ai fait ma vie d'adulte en France. Mais je suis aussi Portugaise et fière de l'être. Toute mon enfance est liée au Portugal. Dès que je peux, j'y retourne. Même s'il est vrai que quand j'y reste trop longtemps, Paris me manque. Mais quand je suis ici, le Portugal me manque. Là-bas, même les grandes villes sont calmes, contrairement à la capitale française. Lisbonne est une ville claire et colorée. Les gens sont sereins, c'est plaisant. Si je pouvais, je serais tout le temps entre deux avions.
Que signifie « être Française » pour vous?
Je suis Française parce que je vis ici. Et parce que je vis ici, je respecte les lois françaises. En fait, je crois qu'on doit se sentir chez soi partout où l'on est. J'ai de la chance aujourd'hui d'avoir deux cultures qui sont très ressemblantes, mais aussi très opposées. Au Portugal, on est très famille, on est chaleureux parce qu'on a le soleil, et ça influence la culture culinaire aussi. Je me sens portugaise lorsque je mijote des plats pendant des heures, comme ma mère me l'a appris. Ici, en France, les gens sont plus froids, comme le temps qui est plus gris. Je me sens aussi Française parce que je suis libre de m'exprimer, libre de montrer. Même si, au jour le jour, j'ai l'impression que ça se referme, il n'y a qu'à voir le débat actuel sur l'identité nationale.
Justement, est-ce que vous pensez que l'État peut donner une définition à ce qu'est l'identité nationale française?
Non, ce débat m'exaspère. A tel point que j'évite de lire des choses dessus, parce qu'à chaque fois, j'ai l'impression de lire des aberrations de plus en plus grosses. Pour moi, il n'y a pas d'identité nationale, mais une identité propre à chacun qui peut être multiple. Pour vivre sereinement dans une société, il ne faut pas renier ses origines. Car ce sont nos racines qui font de nous ce que l'on est. Et l'identité d'une personne se construit toute sa vie à travers les rencontres qu'elle fait. Sinon, on est des robots avec nos petits acquis et on n'évolue pas.
Que pensez-vous de la proposition d'Eric Besson, le Ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale, de créer une sorte de « parrainage républicain » des étrangers en France pour favoriser leur intégration?
C'est ridicule, j'ai vraiment l'impression de vivre à nouveau dans un pays dictatorial. Parce que moi, j'en sors. Mes parents m'ont élevé dans l'esprit de la résistance à la dictature de Salazar, mon père a été torturé en prison, ça laisse forcément des traces. Ce genre de débat va mener à des extrémismes, parce qu'aujourd'hui, on pousse les gens à choisir entre deux identités. Personnellement, je ne peux pas renier qui je suis. Mon âme est portugaise mais aussi française. Et pourtant, j'ai un papier qui me dit que je ne suis pas Française. Même si je suis européenne, sur ma pièce d'identité, c'est marqué « nationalité portugaise ». Du coup, je ne peux pas voter aux élections nationales. Je vis ici, je travaille ici, je paie les impôts, sauf qu'on me dit que je n'ai pas le droit de choisir qui va décider des lois qui me régissent! Je ne comprends pas comment l'Etat peut demander à des gens de faire en sorte d'être Français, alors que de l'autre côté, il nous rappelle que nous ne sommes pas d'ici, puisqu'on ne vote pas. C'est frustrant.
Propos recueillis par C.L.
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