A l'approche de la Toussaint, Soraya et Sofiane se recueillent sur l'urne cinéraire de leur grand-mère
17h40. Déjà la lune pointe le bout de son nez. La nuit tombe plongeant le cimetière du Père Lachaise dans la pénombre. A l'entrée, une jeune mère profite d'une fontaine pour arroser un gros bouquet de fleurs. Ses deux enfants jouent autour d'elle. « Allez, Sofiane, donne la main à Soraya ». La jeune femme aux longs cheveux blonds se dirige vers le colombarium, laissant une traînée d'eau sur son passage. Derrière elle, Soraya tient son petit frère d'une main. Dans l'autre, elle porte une bougie allumée.
Voici le colombarium, tel un cloître qui entoure le seul crematorium de Paris. La famille traverse une rangée de niches pour urnes dites cinéraires, car contenant les cendres des défunts. Noires, grises ou blanches: les niches se succèdent et se ressemblent. Ici une photo, là un mini-vase accroché à la pierre tombale. Avec des fleurs. Forcément, la Toussaint, c'est dimanche.
« Maïnette » chantonne Sofiane. Le voici devant l'urne cinéraire de sa grand-mère. La niche est en hauteur, et pourtant elle ne passe pas inaperçue. Sur une plaque mosaïque d'un bleu turquoise, des roses peintes, rouges et jaunes, entourent trois lettres capitales dorées: « Maï ». « C'est l'aîné qui a commencé à l'appeler comme ça, et depuis c'est resté » explique la jeune femme, tout en déposant un gros bouquet de chrysanthèmes roses sur le sol, en dessous de l'urne de sa mère. Soraya place sa bougie délicatement près des fleurs. La petite famille fait silence.
Il est temps de repartir. 18h. Le cimetière ferme ses portes. Dedans, une petite bougie continue d'éclairer l'urne cinéraire numéro 1276. Celle de Maï.
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