Même si Internet est désormais entré dans les foyers, les cybercafés ont encore de beaux jours devant eux. La preuve avec Atlanteam, un espace réservé aux jeux vidéos et aux jeux en ligne dans le 20ème arrondissement de Paris.
La nuit est déjà tombée depuis 2 heures, les passants se font rares dans la rue des Pyrénées. Au numéro 49, une enseigne marquée d'un « @ » scintille : voici Atlanteam, le café internet du coin. Déjà 19h30, et pourtant une quinzaine d'ordinateurs sur les 40 présents dans la pièce sont occupés. Le silence est roi. A peine entend-on le ronron de la clim' et le cliquetis des touches des claviers.
Au milieu des ordinateurs, deux palmiers en plastique. Il faut dire qu'ici, les internautes entrent dans un univers particulier. Absorbés par leurs écrans, ils s'abandonnent à des jeux vidéos et se métamorphosent en soldat, en guerrier ou en elfe le temps de quelques heures. Portant un casque audio sur ses oreilles, un gars costaud et barbu joue à World of Warcraft. Le voici dans un royaume de magie. Son héros – un mage puissant – déambule dans un labyrinthe fait de ravins et autres pièges.
A sa gauche, quatre ados sont dans un tout autre univers. Des balles jaillissent de la mitrailleuse de leur héros pour aller se loger dans la tête d'ennemis. Du sang pixelisé éclabousse l'écran. « C'est Counterstrike, un jeu de tir en ligne » explique Chaï. « Les terroristes affrontent les anti-terroristes. » Les quatre garçons de 12 ans viennent une heure par jour à Atlanteam. Chaï a beau avoir deux ordis à la maison, il ne trouve pas « ces jeux-là ». Tous les mois, il casse sa tirelire et investit 50€ dans le cybercafé. 50€ pour 25 heures, ça lui revient moins cher que 3€60 l'heure. « Allez, c'est mon tour, sinon, je change le code ». Les ados commencent à chahuter. On n'entend plus qu'eux. La vendeuse leur ordonne de baisser le ton. C'est Chaï aux commandes du soldat de Counterstrike. Le garçon veut engranger un maximum de points « parce qu'avec 4000 points, on a 8 heures d'accès gratuit ».
Le voisin baraqué quitte son univers médiéval-fantastique pour s'acheter une canette de Minute-Maid. Pas besoin de sortir pour les pauses-repas: glaces, paquets de chips et autres boissons sont en vente. Seules les grandes baies vitrées donnant sur la rue sombre rappellent que, dehors, la vie réelle continue.
mercredi 18 novembre 2009
SOCIETE - Un soir d'automne dans un colombarium
A l'approche de la Toussaint, Soraya et Sofiane se recueillent sur l'urne cinéraire de leur grand-mère
17h40. Déjà la lune pointe le bout de son nez. La nuit tombe plongeant le cimetière du Père Lachaise dans la pénombre. A l'entrée, une jeune mère profite d'une fontaine pour arroser un gros bouquet de fleurs. Ses deux enfants jouent autour d'elle. « Allez, Sofiane, donne la main à Soraya ». La jeune femme aux longs cheveux blonds se dirige vers le colombarium, laissant une traînée d'eau sur son passage. Derrière elle, Soraya tient son petit frère d'une main. Dans l'autre, elle porte une bougie allumée.
Voici le colombarium, tel un cloître qui entoure le seul crematorium de Paris. La famille traverse une rangée de niches pour urnes dites cinéraires, car contenant les cendres des défunts. Noires, grises ou blanches: les niches se succèdent et se ressemblent. Ici une photo, là un mini-vase accroché à la pierre tombale. Avec des fleurs. Forcément, la Toussaint, c'est dimanche.
« Maïnette » chantonne Sofiane. Le voici devant l'urne cinéraire de sa grand-mère. La niche est en hauteur, et pourtant elle ne passe pas inaperçue. Sur une plaque mosaïque d'un bleu turquoise, des roses peintes, rouges et jaunes, entourent trois lettres capitales dorées: « Maï ». « C'est l'aîné qui a commencé à l'appeler comme ça, et depuis c'est resté » explique la jeune femme, tout en déposant un gros bouquet de chrysanthèmes roses sur le sol, en dessous de l'urne de sa mère. Soraya place sa bougie délicatement près des fleurs. La petite famille fait silence.
Il est temps de repartir. 18h. Le cimetière ferme ses portes. Dedans, une petite bougie continue d'éclairer l'urne cinéraire numéro 1276. Celle de Maï.
17h40. Déjà la lune pointe le bout de son nez. La nuit tombe plongeant le cimetière du Père Lachaise dans la pénombre. A l'entrée, une jeune mère profite d'une fontaine pour arroser un gros bouquet de fleurs. Ses deux enfants jouent autour d'elle. « Allez, Sofiane, donne la main à Soraya ». La jeune femme aux longs cheveux blonds se dirige vers le colombarium, laissant une traînée d'eau sur son passage. Derrière elle, Soraya tient son petit frère d'une main. Dans l'autre, elle porte une bougie allumée.
Voici le colombarium, tel un cloître qui entoure le seul crematorium de Paris. La famille traverse une rangée de niches pour urnes dites cinéraires, car contenant les cendres des défunts. Noires, grises ou blanches: les niches se succèdent et se ressemblent. Ici une photo, là un mini-vase accroché à la pierre tombale. Avec des fleurs. Forcément, la Toussaint, c'est dimanche.
« Maïnette » chantonne Sofiane. Le voici devant l'urne cinéraire de sa grand-mère. La niche est en hauteur, et pourtant elle ne passe pas inaperçue. Sur une plaque mosaïque d'un bleu turquoise, des roses peintes, rouges et jaunes, entourent trois lettres capitales dorées: « Maï ». « C'est l'aîné qui a commencé à l'appeler comme ça, et depuis c'est resté » explique la jeune femme, tout en déposant un gros bouquet de chrysanthèmes roses sur le sol, en dessous de l'urne de sa mère. Soraya place sa bougie délicatement près des fleurs. La petite famille fait silence.
Il est temps de repartir. 18h. Le cimetière ferme ses portes. Dedans, une petite bougie continue d'éclairer l'urne cinéraire numéro 1276. Celle de Maï.
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