Les relations entre le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) et son nouveau concurrent de gauche, die Linke (la Gauche), sont pour le moins difficiles. A l’heure du passage aux urnes, le traditionnel parti social-démocrate allemand a du souci à se faire.
Née en juin 2007 de la fusion de l’Alternative électorale travail et justice sociale, mouvement principalement ancré à l’Ouest, regroupant les déçus de l’ère Schröder, et du PDS, parti d’extrême gauche de l’Est, die Linke (la Gauche) a su rapidement s’implanter dans le paysage politique allemand…au détriment du SPD. En 2008, die Linke a réussi à rafler quelques sièges dans les Landtag (Parlements des Länder) en dépassant la barre des 5% lors des scrutins régionaux. Son électorat ? Des déçus du parti social-démocrate, membre de l’actuelle Grande Coalition avec le CDU/CSU d’Angela Merkel. Alors que le SPD ralliait plus de 30% des électeurs jusqu’en 2007, son score actuel franchit à peine les 20% d’après les sondages. A l’heure de la crise économique, die Linke pointe du doigt le désastre causé par les fameuses lois Harz IV (du gouvernement Schröder) sur la flexibilité du travail et critique sévèrement le SPD qui n’arrive même pas à imposer la mise en place d’un salaire minimum au sein de la Grande Coalition. Le parti d’extrême gauche a le vent en poupe. Les sondages lui donnent d’ailleurs 13% des voix, soit le même score que le FDP (le parti libéral) et trois points de plus que les Verts, ce qui confirme l’existence d’un système à cinq partis, au détriment des deux plus gros – surtout du SPD.
Coalition SPD-Linke ?
Le parti social-démocrate semble en crise. Et 2009, la Superwahljahr, super année électorale (élections législatives, du Président de la République, élections européennes et scrutins régionaux et municipaux) sera une année décisive. Afin de gagner en clarté, les membres du parti ont choisi en octobre 2008 un nouveau duo de lignée centriste : à la tête du parti, l’ex vice-chancelier Franz Müntefering, et en candidat à la chancellerie Frank-Walter Steinmeier, l’actuel ministre des Affaires Etrangères. Ces deux éléphants du parti ont dès lors annoncé un refus strict de former une coalition avec Die Linke au niveau fédéral. En revanche, ils ont laissé le feu vert accordé par l’ex dirigeant du parti Kurt Beck aux dirigeants locaux des Länder. Une coalition rouge-rouge (SPD/Linke) est à priori possible, à l’instar du gouvernement du Land de Berlin. C’était sans compter sur les scissions profondes du parti social-démocrate sur cette question sensible. Le Land de Hessen a été le miroir de cet imbroglio politique tout au long de l’année 2008. Par deux fois, en mars et en novembre, la candidate du SPD Andrea Ypsilanti a tenté de former un gouvernement avec le soutien du parti Die Linke, et a vu ses projets torpillés par quatre députés de ses propres troupes. Résultat : les élections de janvier 2009 ont donné une majorité claire aux partis de droite, une coalition CDU/FDP (Libéraux) est reconduite.
Née en juin 2007 de la fusion de l’Alternative électorale travail et justice sociale, mouvement principalement ancré à l’Ouest, regroupant les déçus de l’ère Schröder, et du PDS, parti d’extrême gauche de l’Est, die Linke (la Gauche) a su rapidement s’implanter dans le paysage politique allemand…au détriment du SPD. En 2008, die Linke a réussi à rafler quelques sièges dans les Landtag (Parlements des Länder) en dépassant la barre des 5% lors des scrutins régionaux. Son électorat ? Des déçus du parti social-démocrate, membre de l’actuelle Grande Coalition avec le CDU/CSU d’Angela Merkel. Alors que le SPD ralliait plus de 30% des électeurs jusqu’en 2007, son score actuel franchit à peine les 20% d’après les sondages. A l’heure de la crise économique, die Linke pointe du doigt le désastre causé par les fameuses lois Harz IV (du gouvernement Schröder) sur la flexibilité du travail et critique sévèrement le SPD qui n’arrive même pas à imposer la mise en place d’un salaire minimum au sein de la Grande Coalition. Le parti d’extrême gauche a le vent en poupe. Les sondages lui donnent d’ailleurs 13% des voix, soit le même score que le FDP (le parti libéral) et trois points de plus que les Verts, ce qui confirme l’existence d’un système à cinq partis, au détriment des deux plus gros – surtout du SPD.
Coalition SPD-Linke ?
Le parti social-démocrate semble en crise. Et 2009, la Superwahljahr, super année électorale (élections législatives, du Président de la République, élections européennes et scrutins régionaux et municipaux) sera une année décisive. Afin de gagner en clarté, les membres du parti ont choisi en octobre 2008 un nouveau duo de lignée centriste : à la tête du parti, l’ex vice-chancelier Franz Müntefering, et en candidat à la chancellerie Frank-Walter Steinmeier, l’actuel ministre des Affaires Etrangères. Ces deux éléphants du parti ont dès lors annoncé un refus strict de former une coalition avec Die Linke au niveau fédéral. En revanche, ils ont laissé le feu vert accordé par l’ex dirigeant du parti Kurt Beck aux dirigeants locaux des Länder. Une coalition rouge-rouge (SPD/Linke) est à priori possible, à l’instar du gouvernement du Land de Berlin. C’était sans compter sur les scissions profondes du parti social-démocrate sur cette question sensible. Le Land de Hessen a été le miroir de cet imbroglio politique tout au long de l’année 2008. Par deux fois, en mars et en novembre, la candidate du SPD Andrea Ypsilanti a tenté de former un gouvernement avec le soutien du parti Die Linke, et a vu ses projets torpillés par quatre députés de ses propres troupes. Résultat : les élections de janvier 2009 ont donné une majorité claire aux partis de droite, une coalition CDU/FDP (Libéraux) est reconduite.
Steinmeier et Müntefering: un SPD en crise? (Photo: DPA)
Quelle stratégie adopter pour cette Super année électorale ?
Ces doubles règles du SPD, aux niveaux national et régional, renforcent le problème de crédibilité du parti auprès de l’électeur centriste. Face aux nombreuses élections à venir, le SPD a intérêt à clarifier les choses. Est-il toujours prêt à accepter de coopérer avec die Linke au niveau des Länder en vue des élections des Landtag de Brandenbourg, de Sarre, de Thuringe et de Saxe ? Va-t-il faire alliance avec ce nouveau concurrent lors de l’élection au suffrage indirecte du Président de la République fédérale allemande, afin d’imposer sa candidate Gesine Schwann le 23 mai prochain ? Surtout, quelle stratégie va définitivement adopter le SPD en vue des élections législatives le 27 septembre ? Le scrutin proportionnel risque d’accentuer les déséquilibres du système à cinq partis. Le SPD ne pourra certainement plu faire alliance seul avec les Verts et les Libéraux. S’il veut conserver le pouvoir, le SPD devra alors à nouveau gouverner avec son partenaire actuel le CDU/CSU (mais les Allemands saturent de cette Grande Coalition) ou… se tourner vers l’extrême gauche. A moins qu’il ne réussisse à reconquérir son électorat récupéré par die Linke. Espérons que la crise soit l’occasion pour le SPD de prôner une véritable politique sociale sans déverser dans le populisme de son adversaire pour la simple pêche aux voix.
Ces doubles règles du SPD, aux niveaux national et régional, renforcent le problème de crédibilité du parti auprès de l’électeur centriste. Face aux nombreuses élections à venir, le SPD a intérêt à clarifier les choses. Est-il toujours prêt à accepter de coopérer avec die Linke au niveau des Länder en vue des élections des Landtag de Brandenbourg, de Sarre, de Thuringe et de Saxe ? Va-t-il faire alliance avec ce nouveau concurrent lors de l’élection au suffrage indirecte du Président de la République fédérale allemande, afin d’imposer sa candidate Gesine Schwann le 23 mai prochain ? Surtout, quelle stratégie va définitivement adopter le SPD en vue des élections législatives le 27 septembre ? Le scrutin proportionnel risque d’accentuer les déséquilibres du système à cinq partis. Le SPD ne pourra certainement plu faire alliance seul avec les Verts et les Libéraux. S’il veut conserver le pouvoir, le SPD devra alors à nouveau gouverner avec son partenaire actuel le CDU/CSU (mais les Allemands saturent de cette Grande Coalition) ou… se tourner vers l’extrême gauche. A moins qu’il ne réussisse à reconquérir son électorat récupéré par die Linke. Espérons que la crise soit l’occasion pour le SPD de prôner une véritable politique sociale sans déverser dans le populisme de son adversaire pour la simple pêche aux voix.