Mémoire, mon beau mémoire, te voilà terminé!
Résumé de mon travail de recherche (pour les intéressés, je peux vous l'envoyer par mail)
Quelle place pour le 17 juin 1953 dans l’Allemagne d’aujourd’hui ?
Près de vingt ans après la réunification allemande, il est intéressant de s’interroger sur la mémoire de cette insurrection populaire née à Berlin, puis propagée dans toute la RDA. Survenue quelques années à peine après la chute du régime nazi, le 17 juin 1953 s’inscrit dans la tradition des soulèvements d’Europe de l’Est contre les régimes communistes.
Basée sur un travail de terrain réalisé au cours de l’année de mobilité, cette étude vise à dresser un état des lieux de la mémoire collective allemande en 2007. Quelle lecture du 17 juin 1953 est faite par les divers acteurs sociaux et politiques ? De quelle manière cette instrumentalisation du passé permet de répondre aux besoins du présent ?
Loin d’aider à la constitution d’une identité commune à l’Allemagne réunifiée, le 17 juin est aujourd’hui au cœur d’une « compétition mémoriale ». Historiens, partis politiques, journaux, institutions publiques et associations privées cherchent à imposer leur propre interprétation de l’événement. Entre exacerbation et occultation, travestissement et tabous, travail de mémoire quotidien et silence constant, la date fait l’objet de toutes les controverses.
Face à la multitude de ces mémoires, le citoyen allemand reste désintéressé, tourné vers l’avenir. En ce sens, le 17 juin est révélateur du rapport ambigu de la société allemande à son passé. Il fait honte et ne permet pas de construire un héritage commun, quel qu’il soit. La page de la partition du pays est déjà tournée, l’indifférence est ancrée dans les mœurs.
Entre passé et présent, la mémoire invite aussi à se poser la question du futur : ne va-t-on pas vers une disparition du 17 juin de l’espace public ?